Régionalisation de l’immigration au Québec

Un déficit prévisible annuel de près de 18 000 immigrants pour combler les besoins régionaux de main-d’oeuvre

Introduction

La régionalisation de l’immigration a fait l’objet de plusieurs discussions au cours des derniers mois, plus particulièrement dans le cadre de la dernière campagne électorale québécoise. Le manque de main-d’oeuvre et ses conséquences se font sentir de façon importante dans certaines régions, et ce, depuis de nombreuses années. Les conséquences tant économiques que sur les services de proximité sont plus importantes dans certaines régions plus éloignées des grands centres, ce qui explique, vraisemblablement, la montée de cette préoccupation dans de nombreuses municipalités et régions administratives québécoises.

À l’échelle du Québec, la pénurie de main-d’oeuvre a atteint des sommets¹ et les répercussions se font concrètement sentir au sein des PME. Par exemple, 72 % des propriétaires de PME et 58 % de leurs employés doivent compenser le manque de personnel en travaillant plus d’heures. De plus, près de la moitié des entrepreneurs sont contraints de refuser des ventes ou des contrats, alors que 24 % d’entre eux doivent annuler ou reporter des projets d’entreprise². En raison de la pénurie de main-d’oeuvre, les PME du Québec subissent des pertes économiques³ importantes avoisinant 11 G$. Dorénavant, les citoyens subissent aussi les effets de la pénurie de main-d’oeuvre. Lors d’un sondage⁴ mené par Léger en 2022 auprès de plus de 1 000 Québécois pour le compte de diverses associations patronales, 86 % des répondants se disaient inquiets des impacts de la pénurie de main-d’oeuvre sur la qualité, le prix et la disponibilité de leurs biens et services.

De surcroît, 70 % des répondants étaient d’avis que le gouvernement du Québec devrait en faire davantage sur le plan de l’immigration économique pour augmenter le bassin de travailleurs disponibles. La pénurie de main-d’oeuvre est particulièrement aiguë dans les régions qui se situent à l’extérieur de la région métropolitaine de Montréal. Les données compilées par l’Institut du Québec⁵ indiquent que la plupart des régions du Québec ne comptent que 4 à 8 travailleurs de 20 à 29 ans pour chaque 10 travailleurs de 55 à 64 ans. Il y a donc bien moins de travailleurs qui intègrent le marché du travail que de travailleurs qui s’apprêtent à prendre leur retraite. Les seules régions où ce taux de remplacement est positif sont celles de Montréal (13 pour 10) et du Nord-du-Québec (15 pour 10).

Dans ce contexte, une régionalisation accrue des nouveaux arrivants serait favorable. La présente note de recherche mettra en relief l’important déséquilibre entre la répartition de la demande de main-d’oeuvre dans les différentes régions du Québec et les apports actuels et futurs qu’il faudrait combler par l’immigration selon les estimations⁶ d’Emploi Québec pour y remédier.