Révision du Programme des travailleurs étrangers temporaires : les PME agricoles ont besoin de processus simples et de flexibilité pour rester concurrentielles
Ottawa, le 12 juin 2024 — Selon un nouveau rapport de la Fédération canadienne de l’entreprise indépendante (FCEI), alors qu’Ottawa veut réviser son Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), la majorité des entreprises agricoles (59 %) sont favorables à la création d’un permis de travail interentreprises qui leur permettrait de se partager ou de transférer des travailleurs étrangers, à titre optionnel.
Cependant, la majorité des exploitants agricoles sont contre l’idée de permis sectoriels ou régionaux, qu’il soit question d’intégrer ces permis à la structure actuelle du programme (59 %) ou à une nouvelle structure, où un tiers approuvé serait chargé du recrutement et de la répartition d’un bassin de travailleurs étrangers (50 %). Ils craignent que ces permis accentuent le maraudage et nuisent à la rétention des employés.
« Alors qu’il révise son programme de PTET, le gouvernement doit tenir compte des besoins pratiques des entreprises agricoles et de la sécurité alimentaire au Canada. Les agriculteurs, qui composent déjà avec des pénuries de main-d’œuvre chroniques, ne se tournent vers les travailleurs étrangers qu’en dernier recours lorsqu’ils sont incapables de trouver des travailleurs locaux. C’est préoccupant compte tenu du vieillissement de la population canadienne et du manque d’intérêt des travailleurs du pays à entreprendre une carrière en agriculture », souligne Juliette Nicolaÿ, Analyste des politiques à la FCEI.
Selon nos données, en 2023, 3 entreprises agricoles sur 10 au Canada ont embauché des travailleurs étrangers. Le recours à ces travailleurs est particulièrement élevé dans certaines provinces, comme le Québec (51 %), et certains sous-secteurs à forte intensité de main-d’œuvre, comme ceux des fermes de fruits, de légumes et de spécialités horticoles (64 %). Selon Emploi et Développement social Canada (EDSC), parmi les employeurs qui ont embauché des travailleurs étrangers temporaires (TET), 92 % ont déclaré que cela les avait aidés à répondre à la demande de produits et de services, et 89 % ont dit que cela les avait aidés à rester en activité.
Mythes sur les TET
Beaucoup d’idées reçues circulent au sujet du programme, par exemple que les TET gagnent un salaire insuffisant ou qu’ils ne sont pas bien traités par leur employeur. En réalité, la majorité des TET (85 %) reçoivent la même rémunération que les travailleurs canadiens; seuls 3,5 % sont moins payés. De plus, EDSC mène régulièrement des inspections pour veiller à la santé et à la sécurité des travailleurs étrangers, à l’issue desquelles 94 % des employeurs inspectés ont été jugés conformes, selon 26 critères.
« Si on déplore de rares cas de mauvaises pratiques qui ne doivent pas être tolérées, la majorité des exploitants agricoles attachent une grande valeur aux travailleurs étrangers et mettent du temps et des efforts pour les faire venir au Canada. Ils absorbent des coûts qui vont bien au-delà des salaires : logement, transport, assurance maladie, etc. D’ailleurs, ce n’est pas rare que les TET reviennent travailler pour un employeur année après année. Certains employeurs vont aussi jusqu’à parrainer des TET pour qu’ils obtiennent leur résidence permanente », fait remarquer Francesca Basta, Analyste de la recherche.
Pour augmenter l’efficacité du PTET, le gouvernement fédéral devrait envisager de prendre les mesures suivantes :
• Réduire la paperasserie associée à l’embauche des TET, notamment en simplifiant le processus de l’étude d’impact sur le marché du travail (EIMT).
• Autoriser le partage ou le transfert de travailleurs étrangers, à titre optionnel (comme un permis de travail interentreprises).
• Indexer sur l’inflation la déduction liée au logement (actuellement 30 $ par semaine) pour qu’elle tienne compte de la valeur du marché.
• Autoriser les employeurs à égaler le salaire qu’offrent d’autres employeurs de la même région ayant obtenu une EIMT favorable, pour améliorer la rétention et couper court au maraudage. L’actuel régime de conformité des employeurs laisse peu de jeu en ce sens.
• Rembourser à l’employeur les coûts d’administration et de mise en application de l’inspection de conformité si aucune EIMT n’est obtenue.
• Verser une indemnité aux employeurs qui ont absorbé les coûts initiaux et qui perdent des TET à cause de maraudage, et prévoir un mécanisme simple leur permettant de remplacer ces travailleurs.
Cliquez ici pour lire le rapport Les travailleurs étrangers temporaires : indispensables pour pallier les pénuries de main-d’œuvre agricole.
Renseignements :
Maud Larivière, attachée de presse, FCEI
Tél. : 514 861-3234 (poste 1808) | Cell. : 514 817-0228
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À propos de la FCEI
La FCEI (Fédération canadienne de l’entreprise indépendante) est le plus grand regroupement de PME au pays, comptant 97 000 membres dans tous les secteurs d’activité et toutes les régions. Elle vise à augmenter les chances de succès des PME en défendant leurs intérêts auprès des gouvernements, en leur fournissant des ressources personnalisées et en leur offrant des économies exclusives. Visitez fcei.ca pour en savoir plus.