On dirait que ce n’est jamais le bon moment pour planifier l’avenir, mais les petits ennuis qui monopolisent notre attention immédiate ne sont souvent pas si importants en fin de compte. Prenez le temps de vous demander où vous imaginez votre entreprise dans un an, deux ans et même cinq ans. Comme on dit, il ne faut pas laisser ce qui est urgent nous faire oublier ce qui est important.
Peut-être aimeriez-vous passer le flambeau à un membre de la famille, ou bien vendre à quelqu’un d’autre. À défaut de proches intéressés, peut-être avez-vous des employés qui saisiraient cette belle occasion de prendre les rênes de l’entreprise. Indépendamment de ce que l’avenir vous réserve, il n’est jamais trop tard pour commencer à planifier.
L’élaboration d’un plan de relève est un long processus qui vous amène à analyser tous les aspects de votre entreprise (et de votre vie, en tant que propriétaire). Il est important de réfléchir à la meilleure façon d’assurer la longévité de votre entreprise, ce qui vous permettra de récolter les fruits de votre travail acharné!
1. Évaluer vos options
Pensez à l’avenir de votre entreprise : comment pourra-t-elle croître et évoluer? Que devez-vous faire pour concrétiser votre vision? Devez-vous miser davantage sur le marketing ou renforcer votre équipe de ventes? Si vous savez ce que vous voulez que votre entreprise devienne, vous pourrez plus facilement choisir la meilleure option : la laisser à un successeur, planifier son rachat par les cadres (ou par les employés) ou la vendre à des tiers.
Dans tous les cas, ce sera tout un changement pour vous et ce ne sera peut-être pas facile, surtout si vous êtes propriétaire depuis de nombreuses années. Mais en maintenant une communication ouverte entre toutes les parties concernées, vous serez plus en mesure d’élaborer un plan de relève réaliste.
2. Choisir et former un successeur
Que votre successeur soit un membre de votre famille, un employé clé ou un acheteur externe, vous devez évaluer minutieusement sa capacité à respecter et à concrétiser votre vision. Si vous acceptez de rester un an ou deux de plus, un acheteur pourrait être prêt à payer davantage pour profiter de votre expertise et de votre aide pendant la transition. Mais par où commencer?
3. Déterminer la valeur de l’entreprise
Une bonne évaluation tient compte de l’actif corporel et de l’actif incorporel de l’une entreprise. Par actif corporel, on entend notamment des biens et des stocks, tandis que l’actif incorporel comprend les brevets, les marques de commerce et la clientèle. La valeur d’une entreprise ne se mesure pas tant à son rendement passé qu’à son rendement futur, indicateur déterminant de sa juste valeur marchande. En raison des considérations fiscales, il est important de confier l’évaluation à un professionnel agréé pour éviter toute contestation.
4. Vendre l’entreprise
C’est décidé, vous vendez. Mais quand? Vous devriez d’abord passer un ou deux ans à consolider l’entreprise et à accroître sa valeur. Vous devrez aussi tenir compte de l’impôt sur le revenu et de votre planification successorale pour vous assurer que la vente vous avantage au niveau fiscal. Pour plus de la majorité des propriétaires de PME, le fruit de la vente de leur entreprise est une partie importante de leur plan de retraite.
Avec l’aide de conseillers de confiance, préparez une convention de vente qui décrit l’entreprise avec exactitude, de A à Z : historique, produits, marchés, personnel, etc.
En même temps, faites la liste des acheteurs éventuels (fournisseurs, concurrents, membres de la famille, employés). Ils voudront sûrement faire leur propre vérification diligente pour éviter les surprises de dernière minute qui pourraient compromettre la vente.
5. Financer le plan de relève
Vous devrez décider qu’est-ce que vous vendez. L’entreprise est-elle une entreprise individuelle ou est-elle constituée en personne morale? La structure doit-elle changer pour des raisons juridiques ou fiscales?
Pensez aussi aux modalités de paiement : préférez-vous un versement unique ou plusieurs versements?
Par ailleurs, vous devez décider si vous souhaitez continuer à travailler pour l’entreprise de quelconque façon, ou si vous préférez couper définitivement les ponts. N’oubliez pas qu’en plus des répercussions fiscales et juridiques, il y aura des changements dans votre mode de vie. Êtes-vous prêt à dire au revoir à vos longues journées de travail et à vos responsabilités? Ou aimeriez-vous mieux prendre une retraite graduelle?
Au moment de choisir un successeur, vous devrez vérifier s’il a les moyens de financer son achat. Un acheteur futé considérera le vendeur comme un atout et une source d’information pour la préparation de son plan d’affaires. Ensemble, l’acheteur et le vendeur peuvent aussi tenter de convaincre d’éventuels prêteurs qu’il s’agit d’un bon placement.
N’oubliez pas de consulter votre avocat ou votre comptable au sujet de vos options de financement et de paiement.
6. Comprendre les enjeux fiscaux et juridiques
Les répercussions fiscales et juridiques ne sont pas négligeables, surtout si vous comptez vendre votre entreprise pour financer votre retraite. Il est chaudement recommandé de consulter des conseillers professionnels dès le début de la planification de votre relève. Les considérations fiscales varient si vous vendez à un tiers ou à un membre de votre famille; de plus, certains secteurs, comme les exploitations agricoles, ont un traitement particulier. Vous devrez vous informer à savoir si la structure de votre entreprise vous permet de profiter de l’exonération cumulative des gains en capital.
7. Gérer votre patrimoine pour assurer l’avenir
Ça y est, vous avez vendu! Vous devrez maintenant vous assurer que votre profit sur la vente de votre entreprise vous permettra de vivre la vie dont vous avez envie, pour le reste de vos jours! Mettez toutes les chances de votre côté et faites appel à un conseiller financier qui vous aidera à décider comment gérer votre nouveau patrimoine. Demandez à des amis et à des partenaires de confiance de vous recommander des conseillers, et ne vous arrêtez pas après une seule rencontre! Vous pouvez en rencontrer trois ou quatre pour trouver celui qui vous met le plus à l’aise et à qui vous acceptez de confier votre argent.
Pour toute décision d’investissement, tenez compte des répercussions fiscales. La planification successorale est aussi un facteur : qu’arrivera-t-il à votre patrimoine lorsque vous ne serez plus? Cette question figure souvent au bas de l’échelle des priorités des gens, mais vous devez y réfléchir pour protéger votre patrimoine et garantir à votre famille la stabilité financière.
Il est naturel de vouloir laisser son entreprise à la prochaine génération, mais la famille doit alors avoir les connaissances, les compétences et l’expérience nécessaires pour l’exploiter et la faire croître. En tenant des rencontres régulières, les parties concernées resteront informées et auront un espace sûr où parler affaires. Vous pouvez d’ailleurs envisager de recourir à un facilitateur, puisqu’il y aura assurément des désaccords découlant du chevauchement entre la vie familiale et la vie professionnelle des intéressés.
Si vous laissez votre entreprise à vos enfants, il vous faudra aussi tenir compte de répercussions fiscales, en particulier en ce qui concerne l’exonération cumulative des gains en capital. Consultez un comptable ou un expert en fiscalité avant de prendre toute décision.
Quant au rachat par les cadres, il s’agit essentiellement de l’achat de l’entreprise par un, plusieurs ou l’ensemble des membres de la direction actuelle. Comme le financement peut alors s’avérer plus complexe, le départ du propriétaire est souvent graduel; la transition se fait sur trois à cinq ans. Il est important que tous les membres de la direction adhèrent à la même vision et soient tous sincèrement désireux d’acquérir une participation dans l’entreprise.
L’équipe de direction doit être solide et crédible, se doter d’un plan d’affaires mûrement réfléchi et bénéficier d’un appui financier suffisant. Elle et le propriétaire ont intérêt à faire appel à des conseillers professionnels indépendants qui les guideront dans les négociations.
Le plus important est d’entreprendre la démarche le plus tôt possible, si ce n’est pas déjà fait. Bien menée, la planification de la relève n’est pas un exercice ponctuel, mais plutôt un processus continu, régulièrement mis à jour et évoluant au rythme des circonstances.
Pour en savoir plus, consultez les ressources suivantes :
Pour terminer, n’oubliez pas que nous sommes là pour vous. Pour plus d'information, vous pouvez téléphoner à votre conseiller FCEI.
Pour en savoir plus sur les défis auxquels font face les PME et les recommandations que nous formulons au gouvernement dans ce dossier, consultez notre rapport « Réussir la relève ».
Bonne planification!