Salle de presse

Prendre le contrôle de sa destinée

Rédigé par CFIB Media Centre | Jan 30, 2025 1:56:26 PM

Lettre ouverte publiée par Le Journal de Montréal, le 30 janvier 2025. 

La possibilité que des tarifs douaniers soient imposés par les États-Unis sur leurs importations provenant du Canada dès le 1er février rend les gens d’affaires et les travailleurs anxieux.

La très grande majorité des spécialistes qui commentent la situation sont d’avis que le Canada doit répliquer, et qu’il n’a d'autres choix que de mettre en place ses propres tarifs douaniers sur les importations provenant des États-Unis. Les politiciens canadiens tiennent également le même langage. Le premier ministre du Canada et ses ministres responsables du dossier ne cessent de répéter que toutes les mesures de représailles sont sur la table. La majorité des provinces tiennent le même discours. Ces dernières ont déclaré qu’elles pourraient mettre en place des programmes d’aide pour les entreprises touchées, comme ce fût le cas durant la pandémie comme l’a mentionné François Legault.

Il est rassurant de voir une telle mobilisation des parties prenantes et des différents gouvernements du Canada. Évidemment, les élus veulent protéger les entreprises et les emplois contre les impacts potentiels considérables des tarifs douaniers américains.

La tentation peut être grande de reprendre la formule mise en place lors de la pandémie et de miser sur des programmes d’aide massifs. Cela aiderait certainement des entreprises à très court terme.

La solution la plus durable consiste à transformer la menace de Donald Trump en opportunité. Nos gouvernements doivent saisir l’occasion pour améliorer notre climat d'affaires et d’investissement au pays. Il faut réduire le fardeau fiscal et réglementaire des entreprises, éliminer les obstacles au commerce interprovincial et renforcer nos relations avec nos autres partenaires internationaux. Et c’est bien l’opportunité que nous offre Trump.

Nos entreprises sont moins innovantes et productives que celles de nos voisins américains. Les prochaines années vont encore plus creuser l’écart au Canada si nous continuons avec la même recette économique : interventionnisme à outrance, réglementation trop lourde et fiscalité défavorable aux investissements privés. D’ailleurs, plus de 3 dirigeants de PME sur 5 souhaitent voir une baisse de la fiscalité lorsqu’on leur demande quelles mesures le gouvernement doit mettre en place pour les aider face à cette menace des États-Unis.

On pourrait d’ailleurs mettre en place des mesures fiscales rapidement. D’abord, il faut abandonner immédiatement l’augmentation du taux d’inclusion sur les gains en capital au fédéral et au Québec. Ensuite, il faut s’attaquer à la fiscalité des PME à l’échelle nationale. Il faut baisser le taux d’imposition des PME et augmenter le seuil de la déduction accordée aux petites entreprises. Le Québec pourrait jouer un rôle ici, sa fiscalité pour les petites entreprises étant la plus lourde du pays. Le gouvernement fédéral devrait aussi réduire les cotisations à l’assurance-emploi pour les plus petites entreprises, ce qui aiderait à préserver des emplois en cas de choc économique.

Par ailleurs, nous devons absolument améliorer notre commerce interprovincial. Le point de départ consiste à adopter le principe de la reconnaissance mutuelle afin que tout bien ou service fabriqué, vendu et utilisé dans une province ou un territoire puisse aussi l’être ailleurs au pays sans exigences réglementaires additionnelles. Des études récentes montrent que l’élimination des obstacles au commerce interprovincial pourrait faire croître l’économie nationale de 4 % à 8 %, et créer annuellement jusqu’à 200 milliards de dollars de valeur additionnelle pour les ménages canadiens. Cela fait des années que la FCEI pousse les gouvernements provinciaux à éliminer ces obstacles. Nous n’avons plus le luxe d’attendre.

De plus, le président Trump va accélérer l’allégement réglementaire. Le Canada doit également prendre ce virage. En effet, 87 % des PME canadiennes affirment que la réglementation excessive réduit considérablement leur productivité et leur capacité de croissance. En réalité, réduire la paperasserie ne coûte rien aux gouvernements, ça ne prend que du leadership politique.

Nous devons aussi renforcer le commerce international. N’oublions pas que nos richesses, qu’elles soient naturelles ou humaines, font de nous un partenaire commercial de choix. Nous devons renforcer nos accords avec d’autres marchés importants encore trop peu exploités et accompagner nos PME dans cette démarche.

Pour faire face à cette nouvelle réalité géopolitique et économique, nous devons prendre le contrôle de notre avenir économique afin d’éviter de nous retrouver dans une situation où nous devrons constamment nous ajuster à l’humeur du jour du président Trump ou de ses successeurs.

Corinne Pohlmann, Jasmin Guénette, François Vincent et Simon Gaudreault, respectivement, Vice-Présidente Exécutive, Vice-Président aux affaires nationales, Vice-Président, Québec et Vice-Président à la recherche et économiste en chef de la FCEI.