Agir maintenant pour nos petites entreprises, c’est agir pour notre avenir

Lettre ouverte publiée dans La Presse le 7 octobre 2024.

J’ai été très interpellé par la lettre ouverte de Nathaly Riverin.  Elle y écrit que le Québec vit une diminution fulgurante de son nombre d’entrepreneurs, passant de 190 050 en 2001 à 133 400 en 2021. Elle y écrit même que « dans le contexte actuel, on aura moins de 100 000 entrepreneurs au Québec d’ici 2025 ». 
Ce constat est inquiétant, d’autant plus lorsque l’on sait que les trois quarts des propriétaires de PME prévoient quitter leur entreprise d’ici dix ans.  


D’ailleurs, nos données amplifient cette inquiétude : notre indicateur du Baromètre des affaires montre que l’indice de confiance des PME l’an dernier au Québec a atteint son plus bas score en 15 ans, exception faite de 2020 quand l’économie tournait au ralenti.  Les raisons de cette baisse sont les suivantes : d’un côté, les coûts d’exploitation sont significativement plus élevés que la moyenne historique sur 15 ans, et de l’autre, les ventes et la production des PME sont freinées par la demande insuffisante, la pénurie de main-d’œuvre qualifiée et les problèmes de fonds de roulement. Il ne faut pas un doctorat en économie ou en mathématiques pour comprendre que cette équation ne fonctionne pas. 


La situation est à un point tel que, selon notre sondage de septembre, seulement 18,6 % des entrepreneurs québécois recommanderaient à quelqu’un de se lancer en affaires actuellement. 
Même si notre Baromètre en septembre nous informe que la confiance des PME québécoises remonte, celle du Canada reste inférieure à sa moyenne historique pour un 27e mois consécutif. Au Québec? On réussit à faire pire en atteignant 29 mois!  


La pression continue d’être forte pour les PME. Prenons l’exemple des coûts d’électricité. L’augmentation de l’an dernier est la plus importante en un quart de siècle. De plus, selon nos estimations, les investissements massifs d’Hydro-Québec feront exploser de 1,8 à 2,5 fois les factures des PME en 2035, en raison de l’interfinancement qui transfère la plus grosse part à payer aux PME. 


On le sait, le gouvernement du Québec met beaucoup d’énergie dans la filière batterie et afin d’attirer des investissements étrangers. J’aimerais voir de sa part la même ferveur pour répondre aux défis pressants de nos petites entreprises. Je ne suis pas le seul. L’ancienne déléguée du Québec à New-York, qui est aussi ma prédécesseure à la FCEI, a affirmé dans une entrevue avec La Presse que : « Pendant qu’on a mis le paquet sur l’attraction des gros investissements étrangers au Québec, on a délaissé nos PME ».  Les mots sont forts, mais si justes.


Ce sont pourtant les PME qui tiennent notre économie à bout de bras et qui sont une force de nos régions. N’oublions pas que 94 % des entreprises québécoises ont moins de 50 employés. Les personnes qui ont osé démarrer une entreprise assurent l’emploi de plus de 2 millions de Québécoises et Québécois. De 2016 à 2020, les PME ont contribué à 50,3 % du PIB du pays.  


Le gouvernement peut encore, par des actions concrètes, changer de direction et montrer son intérêt envers nos PME. Cela peut être fait à court terme au moyen du projet de loi 69 sur l’énergie d’une part, et en améliorant la fiscalité des petites entreprises et en accélérant la réduction de la paperasserie d’autre part. 


Comme représentant du plus important regroupement de PME du pays, je lui offre ma pleine collaboration s'il désire prendre ce virage qui est nécessaire tant pour notre économie que notre avenir collectif.

François Vincent, vice-président pour le Québec à la FCEI